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Le maintien à long terme de la perte de poids est l’un des principaux défis du traitement de l’obésité. Le Dr David Macklin nous fait part de son point de vue sur les facteurs à l’origine de la reprise de poids et sur les mesures à prendre pour y remédier.
Le maintien à long terme de la perte de poids est le principal défi de la gestion de l’obésité. En fait, 80 % du poids perdu est repris après un régime alimentaire.
Alors pourquoi est-il si difficile de perdre du poids et de ne pas le reprendre?
Arya Sharma, professeur émérite de médecine et ancien titulaire de la chaire de recherche et de gestion de l’obésité à l’université de l’Alberta, à Edmonton, fondateur et ancien directeur scientifique d’Obésité Canada (anciennement Réseau canadien de l’obésité), a invité le Dr David Macklin, membre de l’équipe dirigeante du centre médical de gestion du poids du Canada (une clinique virtuelle de perte de poids dirigée par des experts médicaux), directeur de la gestion du poids à la clinique de l’IMC de l’hôpital Mount Sinaï et chargé de cours à la faculté de médecine de l’université de Toronto, à partager ses réflexions sur ce sujet.
Le Dr Macklin présente ici les 7 principaux facteurs contribuant à la reprise de poids et donne son point de vue sur ce que devrait être une gestion réaliste du poids à long terme.
« La principale raison de la reprise de poids est d’ordre biologique. Le cerveau s’oppose à la perte de poids en raison d’une ancienne stratégie biologique. Si nos ancêtres perdaient du poids, ce n’était pas pour être beaux à un mariage ou en vue de la saison des maillots de bain. À l’époque, la perte de poids était due à une maladie ou à une interruption de l’alimentation. En d’autres termes, se défendre contre la perte de poids, c’est se défendre contre la mort.
Au cours des 30 dernières années, nous avons appris comment le cerveau procède. Le cerveau est expert pour 1) reconnaître la perte de graisse, 2) se défendre contre la perte de graisse et 3) favoriser la reprise de poids. Pour ce faire, le cerveau :
a) augmente l’appétit : la motivation pour l’apport calorique
b) diminue le métabolisme
L’augmentation de l’appétit semble être plus complice de la reprise de poids que le ralentissement du métabolisme. L’augmentation de l’appétit, prenant la forme d’une motivation accrue à manger, entraîne une augmentation de l’apport calorique global, ce qui conduit à une reprise de poids.
Pour rappel, les autres raisons de la reprise de poids relèvent du mécanisme principal, la biologie. »
« La deuxième cause fréquente de reprise de poids est liée aux régimes alimentaires. Notez que les régimes alimentaires ne sont pas une méthode efficace pour prévenir la reprise de poids. En d’autres termes, le risque de prise de poids est d’autant plus élevé que la méthode de perte de poids est proche d’un régime alimentaire. En particulier :
a) si l’effort de perte de poids impliquait un engagement à réduire l’apport calorique qui n’était pas soutenable
b) si l’effort de perte de poids impliquait un engagement à un niveau et à un type d’effort qui n’était pas soutenable
c) si l’effort de perte de poids n’acceptait pas et n’impliquait pas un engagement conscient à l’importance de la valeur du plaisir, de la nourriture, de la consommation d’alcool, des amis, de la socialisation et des voyages
Le meilleur moyen de prévenir la reprise de poids est d’adhérer durablement à la méthode utilisée pour perdre du poids. Les méthodes ci-dessus prédisent une mauvaise observance. Elles prévoient également que chez les personnes qui perdent trop de poids, c’est-à-dire qui atteignent un poids inférieur à celui qui est soutenable, la perte de poids sera corrigée par la biologie.
"Nous avons donc la définition du meilleur poids. C’est en s’engageant à faire le contraire d’un régime alimentaire que l’on atteint son meilleur poids. Le meilleur poids se découvre en s’engageant 1) à atteindre un niveau calorique soutenable; 2) à fournir un effort soutenable; 3) tout en acceptant un engagement conscient à l’importance de la valeur du plaisir, de la nourriture, de la consommation d’alcool, des amis, de la socialisation et des voyages. Le meilleur poids est celui que vous atteignez en douceur lorsque vous vous engagez dans un mode de vie qui est, par définition, soutenable. »
« La raison suivante, assez mal comprise, de la reprise de poids est un changement durable de l’environnement général de la personne. Un exemple courant serait celui d’une personne qui travaillait dans un bureau et qui travaille maintenant à domicile, ou l’inverse : une personne qui travaillait à domicile et qui travaille maintenant dans un bureau. Un autre exemple est celui d’une personne qui, pendant sa perte de poids, a évité les environnements à haut risque dans le but de perdre du poids et qui, inévitablement, fréquente à nouveau ces environnements. Par exemple, une personne qui évite temporairement les environnements sociaux ou les restaurants dans le seul but de perdre du poids. Les indices de notre environnement physique et social déclenchent la réponse biologique de l’appétit : la motivation à manger donnée par le subconscient. Si les indices perçus pendant la perte de poids changent, une reprise de poids peut s’ensuivre. »
« Si le traitement est interrompu, l’affection peut réapparaître. Il a été démontré que la thérapie comportementale fondée sur des données probantes, si elle est poursuivie à long terme, propose une protection contre la reprise de poids. Les médicaments contre l’obésité agissent en se défendant contre la biologie de la personne. Les médicaments contre l’obésité se défendent contre l’augmentation de l’appétit et freinent la motivation de l’apport calorique donnée par le subconscient (désir). Si les médicaments contre l’obésité sont interrompus ou si l’observance du traitement est mauvaise, la défense contre la reprise de poids est perdue et la biologie fait le reste. »
« Une raison fortement sous-estimée de la reprise de poids réside dans la réaction d’une personne face aux « revers de la perte de poids. » Les revers les plus fréquents en matière de perte de poids sont 1) les conséquences d’épisodes d’alimentation et/ou de consommation d’alcool en dehors des règles fixées, et 2) les moments où l’on voit s’afficher un chiffre sur la balance qui n’est pas favorable. En l’absence d’une thérapie comportementale efficace, ces revers peuvent souvent être suivis de pensées autocritiques négatives et d’émotions négatives, y compris la démotivation. Pourtant, c’est précisément lorsqu’une personne a un poids inférieur qu’elle est la plus sujette aux facteurs biologiques de reprise de poids et qu’elle est la plus susceptible d’avoir une consommation excessive et des résultats défavorables sur la balance. Le dépistage et le traitement de ces réponses cognitives inutiles constituent une partie importante de la compréhension et du traitement de la reprise de poids. De nouveau, il s’agit probablement de la complication non biologique la plus sous-estimée de la perte de poids. »
« La prise de poids peut être un effet indésirable grave possible de nombreux médicaments couramment utilisés. Certains médicaments provoquent plus souvent que d’autres une prise de poids , et il existe des différences interindividuelles significatives. La reprise de poids peut être causée par l’ajout d’un médicament favorisant la prise de poids et, dans la mesure du possible, son remplacement par un autre médicament plus neutre sur le plan pondéral peut être effectué. »
« Enfin, il existe une liste limitée d’états internes susceptibles de favoriser la reprise de poids. Il est intuitif pour la plupart des gens que le stress, la fatigue, le manque de sommeil, l’humeur dépressive et la baisse d’activité peuvent favoriser la reprise de poids. Pour de nombreuses personnes, en particulier en cas de poids corporel réduit, chacun de ces facteurs peut augmenter l’envie et la motivation de manger et diminuer les capacités d’autorégulation (retenue). Si une personne reprend du poids, il est impératif de rechercher chacun de ces modulateurs et de reconnaître comment une modification de l’un d’entre eux peut entraîner une augmentation de l’apport calorique et une reprise de poids. »
Le Dr Macklin ajoute une remarque importante concernant cette liste : « Si la biologie est la raison la plus importante et la plus fréquente de la reprise de poids, les autres raisons peuvent compliquer la première. »
Découvrez les résultats de la recherche sur cette question fréquente concernant le lien entre l’obésité et nos gènes.
L’indice de masse corporelle (IMC) est une mesure importante pour comprendre votre poids. Bien qu’il ne doive pas être utilisé pour diagnostiquer l’obésité, il peut servir d’outil de dépistage pour classer votre poids.
